Le sonnet 155 de Pétrarque

 

(Pétrarque s’afflige de voir disparaître, dans la nuit, le laurier dont la vue le console)

Ce feuillage fixa mon destin sans retour.
Tu l’aimas avant moi, soleil digne d’envie.
Seul il est resté vert ce trésor de ma vie,
Qui me rappelle Adam égaré par Amour.

Afin de l’admirer, restons dans ce séjour ;
Arrêtons-nous : soleil, demeure, je t’en prie.
Mais tu fuis, l’ombre croît dans l’humide prairie,
Et l’objet adoré s’efface avec le jour.

L’ombre descend du mont, retraite humble et tranquille,
Où l’on a vu briller mes doux et tendres feux,
Où mon grand laurier fut une tige fragile.

Elle tombe en croissant, et ravit à mes yeux
Le spectacle enchanteur du délectable asile
Où mon fidèle coeur trouva son gîte heureux.