L’Ange du Seigneur et la Mulier Fortis

 

Sandro Botticelli (1445-1510) détail de L’Annonciation du Cestello, 1489-90, tempera sur bois ©Florence, musée des Offices

Le détail des mains de L’Annonciation dite « du Cestello » de Sandro Botticelli est particulièrement saisissant. Le peintre choisit ici d’inverser l’autorité du Ciel, généralement symbolisé par l’Archange Gabriel descendant des nues, en haut des oeuvres. Il est là, agenouillé, courbé même, suspendu au consentement de la Terre. Sa main levée se fait l’écho du Dieu suppliant. Jamais l’Antiquité n’avait conçu qu’un Dieu Tout-Puissant puisse s’incliner devant une simple terrestre. Debout, volontaire mais humble, la Vierge élève aussi sa main. L’Archange salue la Mulier Fortis, la femme forte de sa liberté ! Le « Oui » n’a pas encore été donné mais il est déjà en gestation dans l’espace invisible qui sépare la main de l’Ange et la sienne. Les doigts se font écho, comme celui de deux danseurs qui ne se connaissent pas mais qui s’accordent immédiatement au rythme harmonieux qu’ils perçoivent. Les pouces, les index, les majeurs, les annulaires, les auriculaires tressaillent en reflétant la bénédiction divine comme un miroir de chair.

Le fabuleux Botticelli nous rappelle que quand la Grâce rencontre la « Pleine de grâces », il ne peut s’agir que d’un miracle de beauté suspendue.

Sandro Botticelli (1445-1510) L’Annonciation du Cestello, 1489-90, tempera sur bois ©Florence, musée des Offices

Gabrielle de Lassus Saint-Geniès, 22 avril 2017