Hortus Conclusus (poème liminaire)

Parfois l’œil du tigre fait reculer le tir
Du chasseur étonné par sa subite flamme,
La Beauté que j’avais entendue dans mon âme
Sembla s’être incarnée, me faisant réfléchir.

En cette lueur adolorée de ton œil
Je contemplais des paysages byzantins,
L’or des icônes adorées qui se recueillent
Au rythme calme d’un repli azuréen.

Elle révéla soudain le feu de son savoir,
Me montrant toute l’étendue de son empire,
Ses nefs armées, sa gloire, son art, ses pouvoirs,
Par delà ta chair où son orage se mire.

Engendrant de nouveaux désirs, les expliquant,
Étant en elle-seule parole et action,
Elle manifesta sa loi pure et son sang,
Principe d’union, principe de communion.

Beauté rend féal celui qui va noblement ;
Elle ordonne et obéit, maîtresse et servante,
À la fois première, égale et se soumettant
Aux ordalies qu’elle murmure et qu’elle chante.

Refuge du bien, demeure de l’harmonie,
Éternelle et irréelle consolatrice,
Elle convoque et réveille l’être meurtri,
Faisant taire la bouche en y posant son lys.

Entre, entre donc dans ce jardin dévoilé
Qui s’inclinera d’un geste sur ton passage,
Et cueille les fruits qui te seront révélés
Dans l’Hortus conclusus fragmenté de ces pages.