L’air d’automne était chargé de silence
Quand je vins vous voir ce 1er novembre,
Jour de Toussaint, jour couleur d’ombre et d’ambre
Les morts nous parlent ! Il faut les écouter
Et souvent à leur mémoire venir,
Entendre l’offrande de leurs soupirs,
Leurs murmures en linceuls effacés.
Sous les stèles que les racines lèvent,
Tout ce qui fane redevient terreau,
Le cyclamen, la chair, la goutte d’eau,
Le parfum de l’encens, l’or de la sève.
Homme, Femme, en terre vous êtes nés
Et Nature il vous faut redevenir
Dans le cycle brumeux du souvenir
Qui sommeille comme un lion blessé.
Que le peuplier danse encore un peu,
Que les feuilles des copalmes jaunis
Se mêlent au deuil chantant de la pie,
Que le chrysanthème effeuille son feu !
Le voile gris du soir étend sa voix
Sur les enfants fatigués et lassés
Qui pleurent sous la glèbe mal tassée,
Sous le lierre et le houx piquants et froids.
J’avançais, marchant en moi parmi vous,
Ô corps perdus qui furent tant aimés,
Se peut-il donc qu’un jour vous reviviez,
Que la chair à vos os neufs se renoue ?
Toutes les révolutions enterrées
Désormais se taisent comme muettes,
Les âmes lourdes reposent, inertes,
Au grand dortoir éternel de beauté.
©GLSG, 1er novembre 2024