Anges de brocard et colombes d’or,
Madones en dentelles de couleurs,
Velours et perles, encore et encore,
À Bruges, la brume brode ses pleurs.
Les lanternes font des losanges-verres
Au gré des carillons tintant joyeux,
Entends la mémoire de leurs prières
Comme un reflet de marbre mélodieux !
Au Béguinage croît la balsamite,
L’herbe royale des apothicaires,
Passe un cheval au pied qui s’agite,
Passe une flamande-dentellière.
Les sols en damiers comme des miroirs,
Glissent, lisses, à rebours des empires,
Le temps, en secret, se revêt de moire
Tel un marchand de sabliers en cire.
Tentures et drapeaux caracolent,
Pavés, canaux, beffrois, clochers scintillent,
L’iris et la tulipe s’y consolent :
Les peintres y glissent des escarbilles.
Au creux des ogives des échevins
J’ai vu des pélicans aux tons bardane,
Bruges, Pentecôte enflammée de saints,
Bruges où les soleils vainqueurs s’incarnent.
©GLSG, le 29 mai 2023, Bruges