Nous sommes bien peu de choses Mais nos yeux cherchent des édens, Des sons neufs ombrés de roses, Parfums déliés de peines. Nous cherchons des âmes sauvées, Des visions vraies et sans douleurs, Des liaisons d’éternité, Des baisers sans l’ennui…
Engloutissez-moi dans vos grands déluges, Iles muettes, faux pontons antiques Brises tombées sous le coup des parjures Anéantissement, ô Poétique ! Bel orgueil qui poignardez les cuirasses En les rouillant de blessures amères Dites aux flots que rien ne me…
En quel printemps de douleur s’est hissé le soleil ? Vengeur, il a criblé ma vie d’aubes sans repos Tournant en ce cœur tissé le rouet des sanglots, Refermant là mes lèvres et scellant mes oreilles. Ma chevelure étarquée par…
Vois-tu, je n’ai plus le courage de souffrir, Je ne sais plus rien commencer, ni rien finir, De l’horizon je ne sais plus la voix parfaite Que rien ne ridait hormis les lois du sourire. Hélas, qui es-tu, ô toi…
Avril à Nevers (Poème de douze heures pour le Cartel de F.W.) Ding I L’horloge d’or avait surpris Avril à Nevers II Sous les tilleuls du miroir aux heures vibratiles III Avril à Nevers, les nœuds de satin se dénouent…
Éteignez le soleil et laissez-moi mourir Sous les froids coupants de la hache et de la pierre, Dans l’amère pauvreté fermez mes paupières Comme on cloue le linceul d’une aveugle martyre. Laissez regard de femme en tombe devenir Et que…
Partons dans le décor de ce vase Libatoire où périrent mille fleurs de lotus, Bien alignées des figures droites s’y casent Dans un carré champlevé de prunus. Une barque en céladon sur la panse Y fait glisser des dames en…
SOL ____________________________________ Doux coco amer, tes aigreurs ne me guérissent Du mal des mers d’Hawaï qui flamboie sous mon chœur, Sous la cordée s’écaillant de tes frissons lisses Rompant leur bois rose et noir aux doigts de douleurs. Ô Ukulélé…
Ton aveu déchirant m’a poignardée Comme une dague forgée de stupeur Fouillant de cris le gouffre de mon cœur Sans que je ne puisse l’en enlever. Les horizons ne m’inquiètent plus Ni la cruauté rongeant les humains, Seul, ton couteau…
Que veux-tu, toi qui tiens ce lys rouge dont je ne sais pas l’odeur des pétales ? De quoi donc est faite la couleur de ton pistil poudré par un scandale antique ? Orphée aux mains jointes, j’ai joué pour toi…
Une mélodie pénètre l’ouïe De mon cœur sans que jamais je ne puisse L’empêcher de pourfendre là ma vie, Ni lui défendre de luire plus que vices. C’est vous qui la jouez, ô ménestrels Vagabonds des lauriers et des luths…
Perruches et perroquets de jade, Carpes rouges comme des poissons sanglants, Pivoines fripées de voluptés, Pinceaux en poils de panthères, Azuléjos fantasques, Table à opium laquée de dragons, Fontaine d’albâtre aux mousses indiennes, Coussins de faille aux franges d’orfroi, Cendriers…
Quand je serai bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Dirai, chantant vos vers, tremblante en m’étonnant: Me célébriez-vous du temps que j’étais belle ? Lors, n’ayant eu ni servante ni damoiselle À demi…
Infinie sagesse infiniment sage Espace unique du songe de l’âme Silencieuses bourrasques, brusques larmes, Colliers du rituel esclavage Songe à ce lieu vierge fait de naissances Où les volontés de terre et de ciel Dans la plus jeune et complète…
Tes baisers gonflés de douleurs opiacées Sont des gouffres où courent d’impossibles serments, Abîmes léthargiques et convulsionnés Barbares en leurs tragiques raffinements. Va, va poète, retourne à ton insomnie, Loin de nos affreux idéaux, concepts sans corps, Tu savais mieux…
En son bain neuf de beauté la belle se dore Froissant l’entrelacs des ondes où ses doigts chantent, Bouclent les shampoings des blondes bulles amantes, L’eau jeune et narcissique endort son indolent corps. Source en la mousse, peau de fleur…
Gerfaut reclus dans la cage des hommes Vois-tu comme ton âme te libère En sa solitude qui t’abandonne Les clefs pour te délier de tes fers ? Incompris, terrible, fatal gerfaut…
Vodka Smirnoff Précipice des bouches russes Violées en un flambant rictus Pimm’s Étrangleur des baronnes Pendaison de quinine démone Malibu Blanche île de verre et de sucre dressé Sous une palme naïve de cocotier Courvoisier Liqueur des empires du cognac…
Satin parfum fondu au santal de sa peau Au matin de ses seins et au soir de sa nuque, Odeur d’un son d’Orient que retient le piano, Choralité de benjoin,…
Venant et revenant Au gré des anglaises marées Brûlent mes émotions dans la chandelle Que le vent en mon cœur zélé Décante en sa dormante doulcemelle Venant et revenant Venant et revenant Mes désirs se sont évadés Au gré des…
Tes soupirs tanguent, précis et cruels, Au cercle de ta chair tremblante : N’avance plus, cesse ton pas blême Et médite sur la Loi de l’âme souffrante ! Au rebord du précipice assieds-toi Penche ta tête et noie-la de vertiges,…
Rangez vos rêveries en vos armoires veuves C’en est fini des mélopées sentimentales, Le placard en silence comme une couleuvre Se referme en un soupir de pierre tombale. La clef se rouillera bientôt dans la serrure, Et les gonds fêlés…
Automne, automne ta saveur fermente et dort Puissante comme les bières des fenaisons, Ces rousses boissons aux tanins maltés d’aurores Dont les félins baisers font perdre la raison. Ton alambic distille septembre et novembre En une touffeur rouillée de demi-saison,…
Écoutez l’odeur du feu qui claque en ses Doigts Les incandescentes cymbales de Lumière, Il danse en dispersant sous sa joie Guerrière Les bruyères et les écorces des Sous-bois. Dans l’âtre du salon les illusions S’envolent, Gronde l’obscur piano sous…
Tinte Sommeil de ton grelot sourd de silence, Viens dans ton char de songes scandés de césures ! Quel orgueilleux ne te doit pas obéissance ? Quel traître ne peut se soumettre à ta nature ? Mais chut ! L’âme…
Les courbes tragiques de tes nymphes blondes Marquent à jamais les vœux sépia de l’Italie, Sur les bords de l’Arno chavirèrent les rondes Que traçaient tes nerveux doigts de mélancolie. Des noces de Florence et de ses fêtes burlesques Tu…