Botticelli – Gabrielle de Lassus Saint-Geniès – Poésie

Les courbes tragiques de tes nymphes si blondes
Marquent à jamais les vœux sépia de l’Italie,
Sur les bords de l’Arno chavirèrent les rondes
Que traçaient tes nerveux doigts de mélancolie.

Des noces de Florence et des fêtes burlesques
Tu n’as retenu que l’existence fragile !
Vois la déchéance qui lézarde tes fresques
En multitude de visages immobiles.

Adieu, adieu, à Dieu, Sandro le magnifique !
Les poignards de la cour ont rayé tes esquisses
Au rythme des pinceaux colorés d’arsenic,
Du rouge sang-dragon et du bleu Médicis.

Tes grenades mûres sont prêtes à mourir
Mordues par des lèvres que jamais nulle bouche
N’embrassa ! Pures tu les créas pour nourrir
La contemplation platonique de tes touches.

Dis-moi la valeur sacrée de l’âme innocente
Et que pleurent les lyres quand leurs cordes vibrent ?
Dis-moi que la vertu va toujours renaissante
Et que Beauté morte n’est que déséquilibre !

©GLSG, 2010