Le roman

Dans son premier roman L’Anglaise d’Azur, publié aux éditions Erick Bonnier (sortie le 23 août 2018), l’écrivain Gabrielle de Lassus Saint-Geniès a reconstitué la vie d’Anna Atkins (1799-1871), botaniste, dessinatrice et pionnière de la photographie, spécialisée dans l’art du cyanotype. C’est la première personne à avoir publié un ouvrage avec des illustrations photographiques, sous la forme d’un recueil de cyanotypes dédié aux algues intitulé British Algae : Cyanotype Impressions (voir l’exemplaire du Musée d’Histoire Naturelle de Paris ; voir l’exemplaire de la New York Public Library).

Plusieurs événements ont mis récemment en lumière les œuvres d’Anna Atkins  :

– Le 16 mars 2015 , Google crée un doodle sur son moteur de recherche pour commémorer le 216e anniversaire de sa naissance.

– En 2017, le Rijksmuseum fait l’acquisition d’un album photo d’Anna Atkins, considéré comme l’un des premiers livres de photographie.

– Du 15 mars au 24 juillet 2017, l’exposition Jardins au Grand Palais présente des cyanotypes d’Anna Atkins parmi les oeuvres exposées.

– Entre le 19 octobre 2018 et le 17 février 2019, la New York Public Library présente l’exposition « Blue Prints : The Pioneering Photographs of Anna Atkins » consacré à son travail.

Anna Atkins est la fille unique et chérie du grand chimiste anglais John George Children, savant trois fois veuf qui habite avec elle au British Museum. Elle reçoit une éducation scientifique hors du commun, aussi bien en chimie, en botanique qu’en zoologie. Elle développe ses nombreux talents dans l’ombre d’un environnement scientifique masculin, en pleine époque victorienne. À l’âge de vingt-cinq ans, Anna Atkins produit deux-cent cinquante dessins pour illustrer la version anglaise du classement des coquillages de Lamarck, traduite par son père. De quarante à cinquante ans, elle effectue plusieurs centaines de cyanotypes, afin de reproduire sous forme de dessins photogéniques des algues, des fougères et des fleurs. Cette magnifique technique photographique a été découverte par le scientifique John Herschel, inventeur du terme snap-shot, qui est aussi un ami de son père. Elle lui dédie l’un des ses albums. À la mort de John George Children, elle rédige une biographie sur la vie de ce dernier. Anna Atkins fait partie des premières femmes photographes à l’instar de Constance Fox Talbot, Clémentine Hawarden et Julia Margaret Cameron.

L’Anglaise d’Azur est une fiction inspirée de faits historiques qui décrit comment le destin d’une femme extraordinaire s’est élaboré à travers une vie ordinaire riche en émotions et en inspiration. Gabrielle de Lassus Saint-Geniès a créé elle-même plusieurs séries de cyanotypes afin de comprendre la démarche de son héroïne (voir aussi l’annonce de la sortie du roman avec des photos de l’auteur). Elle a dédié son ouvrage en hommage au grand universitaire Larry Schaaf, spécialiste de la photographie du XIXe siècle, responsable du catalogue raisonné de William Fox Talbot en ligne et « découvreur » d’Anna Atkins.

Gabrielle de LSG se documentant sur l’herbier d’Anna Atkins au département botanique des Fougères du National History Museum de Londres ©Alison Paul

 

La « blue plaque » d’Anna Atkins à Halstead Place ©courtesy J.H.

Quelques extraits de L’Anglaise d’Azur

« L’eau courait sur la feuille comme un cheval au galop en bleuissant la surface. Seul subsistait dans la force de ses frontières tracées par le soleil le fin dessin du contour de la plante, dont l’âme avait été fixée à tout jamais au cœur des fibres du papier. Le grain bleu se resserrait comme s’il recouvrait d’une fine peau azurée la chair de l’empreinte. »

« On dit que c’est moi qui ai créé le premier livre de photographie. En vérité, je cherchais surtout à appliquer les prodigieuses possibilités de la photographie à la science botanique. Ce nouveau médium permettait de restituer de façon plus rapide, plus fidèle et plus minutieuse les détails des familles de végétaux dont l’étude comparative était un des pans principaux qui intéressait la Société botanique dont j’étais si fière d’être membre. » 

« Pour les cyanotypes, il s’agissait de l’une des branches de la photographie, à savoir celle des dessins photogéniques, c’est-à-dire que je reproduisais les silhouettes exactes des plantes grâce à leur impression insolarisée sur du papier mais je n’utilisais ni négatif, ni chambre obscure, à la différence de la photographie exécutée à l’aide d’un système optique, telle qu’on l’entend habituellement.  Le cyanotype ne prétendait nullement remplacer le dessin traditionnel, ni la collecte des plantes pour les rassembler en herbier, mais il permettait de restituer la texture, l’épaisseur et les contours réels des plantes de façon parfaite et vériste. »

« Maîtrisant désormais bien cette technique, je décidai de créer un album consacré à l’univers méconnu des algues, en m’inspirant de la classification du Manuel des algues britanniques de William Harvey dont je me désolais qu’il y manquât des illustrations. Je songeais depuis quelque temps à l’usage que je pouvais faire de ma collection d’algues séchées, ces « fleurs de la mer », qui pouvaient être susceptibles d’être saisies de façon photographique, afin d’en montrer l’exactitude botanique, sans avoir à utiliser le dessin à main levée habituellement employé par les botanistes. Ce projet répondait aussi à mon engagement en tant que membre de la Société botanique : je voulais œuvrer pour faire connaître la diversité des algues britanniques. »

Voir sur le diaporama ci-dessous de quelques personnages et lieux de L’Anglaise d’Azur

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Voir sur le diaporama ci-dessous de quelques cyanotypes d’Anna Atkins

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