Le Millepertuis (Hypericum perforatum, de la famille des Hypéricacées) fleurit à la fin du mois de juin dans les champs et les bordures de haies. Haut de 30 à 50 cm pouvant atteindre jusqu’à 1m, il déploie ses sommités fleuries jaunes à cinq pétales, piquées de nombreuses étamines. En regardant plus attentivement, on observe la fameuse « marque rouge » c’est à dire des points noirs au bord ses sépales qui libèrent un suc rouge sang et un parfum balsamique agréable. Il est surnommé herba perforata/milleperforata, ou « herbe aux piqûres » car ses feuilles sont percées de trous (« pertuis ») contenant de l’huile essentielle, présente elle aussi dans les fleurs. On l’appelle aussi « Mille-Trous » pour cette raison. En cas d’usage médicinal, il ne faut pas le confondre avec le millepertuis ornemental des jardins et des pépinières qui a des fleurs très larges, ni avec les nombreux autres millepertuis qui existent.
« L’Herbe de la Saint Jean »
Traditionnellement cueilli le 24 juin, jour de la saint Jean-Baptiste, au moment du solstice, le millepertuis est une plante douée de qualités éminemment solaires. En Angleterre on l’appelle St John’s Wort* et Johanniskraut en Allemagne, ce qui témoigne de la popularité de cette herbe liée aux croyances séculaires dès le VIe siècle. Le millepertuis, à l’image de tant de végétaux, possède une aura symbolique résultant de la conjugaison des cultes solaires du paganisme avec l’emblématique chrétienne. On dit qu’il tient son nom du fait qu’au moment de la décapitation de saint Jean-Baptiste, des gouttes de sang auraient giclé sur ses fleurs en imprimant des marques rouges !
Ses sommités fleuries ressemblent à des soleils miniatures flamboyants avec leurs étamines en faisceaux. Symbole de la lumière qui chasse les ténèbres, elle est suspendue dans les maisons pour éloigner les maléfices, d’où son autre surnom de « Chasse-Diable » (Fuga daemonium). Après un an, les bouquets de millepertuis et de buis bénis de l’année précédente sont brûlés dans le célèbre feu de la Saint-Jean. Il est d’ailleurs étonnant qu’Hildegarde de Bingen ne mentionne pas ses propriétés mais le conseille seulement comme herbe de fourrage pour les animaux ! (ce qui est aujourd’hui absolument déconseillé car toxique pour les bêtes).
Une plante magique
Le millepertuis possède de nombreuses vertus souvent qualifiées de magiques dans la pharmacopée occidentale, les plus célèbres étant celles d’être antidépresseur, antiseptique, anti-inflammatoire et cicatrisante. Cette plante formidable soigne blessures, brûlures et coups de soleil. En usage externe, elle est utilisée dans la fameuse « huile rouge » (ou oli rougé des Provençaux), employée par les Croisés au Moyen-âge pour soigner leurs coups de soleil et cicatriser leurs blessures sous le soleil d’Orient.
MISE EN GARDE – WARNING
Attention, le millepertuis est un « vecteur chimique de lumière ». Un de ses constituants est l’hypéricine qui a une action photosensibilisatrice, donc il ne faut jamais exposer une peau soignée au millepertuis au soleil ni en cas de traitement par voie interne.
Une plante contre la dépression
Le millepertuis équilibre le système nerveux grâce à ses principes actifs (hyperforine, hypéricine, flavonoïdes). Il stimule les neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur et soigne les traumatismes liés aux terminaisons nerveuses. Il est recommandé en cas de dépression, de troubles de l’humeur, de stress, d’anxiété, de baisse de moral, de migraine ou d’irritabilité. Il a pour avantage de ne pas créer d’accoutumance ni de dépendance. La marque Arkopharma propose par exemple des gélules au millepertuis.
MISE EN GARDE – WARNING
Ne jamais prendre de millepertuis par voie orale en cas de traitement sous antidépresseur sans avis de son médecin (l’hypéricine a une action antidépressive).
Le millepertuis est aussi fortement déconseillé en cas de prise de pilule contraceptive, aux femmes enceintes et aux enfants (sauf avis médical précis d’un spécialiste de santé)
DIY – RECETTE DE L’HUILE ROUGE DE MILLEPERTUIS
Cette célèbre recette du Dr. Claudine Luu, dont j’ai adapté simplement les proportions, est à faire en juin ou en juillet pour apaiser les coups de soleil, réparer la peau et prévenir le vieillissement. On l’applique en compresse ou en massage sur les articulations douloureuses, les foulures, les crevasses, les gerçures et les brûlures. Elle se conserve plusieurs années à l’abri de la lumière dans un endroit sec. L’huile est jaune au début, elle va rougir au fur et à mesure de la macération pour obtenir une magnifique couleur rouge ambré.
Ingrédients (pour 200 ml)
- 100 ml d’huile de tournesol (ou huile d’olive)
- 50 ml d’huile de jojoba
- 50 ml d’huile de noisette
- 5-6 hampes fleuries de sommités fleuries de millepertuis (Hypericum perforatum)
MATÉRIEL
- un grand pot en verre transparent éventuellement opacifié (Il est parfois conseillé de laisser le soleil agir directement sur les molécules par transparence et parfois conseillé de n’en garder que la chaleur en recouvrant le pot de papier kraft pour ne pas abimer les molécules ! Chacun son école ! C’est à votre convenance.)
MÉTHODE
- Cueillir les hampes de millepertuis en plein soleil. Le déposer dans le pot sans les tasser.
- Verser l’huile de tournesol, l’huile de noisette et l’huile de jojoba dans le pot étiqueté avec la date du jour. Mélanger délicatement.
- Recouvrir d’un linge fin pour empêcher les insectes d’y pénétrer. Laisser le pot macérer à la chaleur du soleil 3-4 semaines jusqu’à ce que le mélange prenne une belle couleur rouge. Remuer de temps à autre.
- Filtrer, admirer la couleur et conserver dans une bouteille propre bien hermétique et dater. Et voilà !
AUTRES PROPRIÉTÉS
Parmi les autres propriétés associées au millepertuis, on note qu’il est stimulant, astringent, diurétique, fébrifuge, antibiotique, antiviral. Il est préconisé en cas de problèmes de circulation, d’indigestion, de problèmes cardiaques ou respiratoire. On le recommande aussi pour traiter les cystites, infections urinaires, constipations, troubles hépatiques, piqures d’insecte et hémorroïdes.
Le millepertuis peut être mélangé à d’autres fleurs en pot-pourri (chèvrefeuille, giroflée, tanaisie, millepertuis, bourrache, camomille, lavande).
Cette plante magique reste à utiliser avec précaution. En cas de doute, demander conseil à votre médecin ou pharmacien.
©GLSG, le 31 octobre 2013 (réactualisé le 7 juillet 2021)
* Voir notamment le descriptif botanico-symbolique de Christina Rossetti in Called to be Saints, The Minor Festivals, Devotionally Studied, Londres: Society for Promoting Christian Knowledge, (1881) 1902, pp.293-294.