L’Ecole des Muses d’Etienne Gilson (quelques notes de lecture)

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« C’est d’ailleurs pourquoi,même lorsqu’on le paye,le labeur que s’impose l’artiste est vraiment gratuit.Celui qui sculpte,peint,écrit de la musique uniquement pour gagner sa vie,exerce un métier parfaitement honorable,mais il n’est pas un artiste,car celui-ci ne consent à vivre de son art que si on le lui achète tel quel. C’est même là la grande aventure de sa vie,car il ne s’agit pas pour lui, comme pour les autres artisans,de fabriquer des objets qui satisfassent le goût du public,mais d’obtenir du public qu’il achète des objets fabriqués pour satisfaire le sien. C’est beaucoup demander,d’abord parce qu’il n’est pas sûr que le public reconnaisse la valeur de ses œuvres avant que l’artiste ne soit mort de misère,mais surtout parce que lui-même n’est jamais tout à fait sûr de leur valeur,tant qu’il n’a pas obtenu son premier succès. »

« La beauté, dans quelque ordre qu’elle se réalise, nous prend au coeur par la joie qu’elle met en nous, avant même que nous ayons conscience de l’aimer, car ce qu’elle éveille en nous, c’est une certaine harmonie native, mais latente, une harmonie dormante qui ne demande guère pour s’éveiller, que l’appel d’une beauté qui lui soit extérieure mais qui, rien qu’en parlant, lui soit déjà une réponse. »

L’Ecole des Muses du philosophe Etienne Gilson est un très bon ouvrage qui analyse le rôle de la muse et des muses dans la vie intellectuelle des artistes et des écrivains. Sont abordées tour à tour la Laure de Pétrarque, Baudelaire et la Muse, Wagner et Mathilde Wesendonck, la Béatrix de Dante jusqu’à la Georgette Leblanc de Maurice Maeterlinck. Il se distingue notamment par son chapitre sur l’Art et l’Eros (l’amour et la création) et son final sur les liens et les différences entre l’artiste et le saint. A lire et à relire.