Allégorie de l’Hiver par Joris Hoefnagel (1542-1601)

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Dolor – Allégorie de l’Hiver, par Joris Hoefnagel (1542-1601)
Musée du Louvre, Département des Arts graphiques : XVIe siècle

Dolor est la dernière de quatre miniatures présentant une allégorie des saisons. Des inscriptions latines associent chaque saison à une étape de la vie : Amor (le printemps), Honor (l’été), Labor (l’automne) et Dolor (l’hiver). La Vanitas, caractère éphémère de la vie humaine, y est le personnage central, symbolisé ici par le défilé des saisons, celui des signes zodiacaux, le crâne ailé symbolisant la nuit et la mort, les fruits mûrs, et les insectes dont le temps sur terre est lui aussi compté.

Vanitas

L’inscription du phylactère en haut de la miniature qui signale son appartenance à un ensemble illustrant les quatre âges de l’homme ainsi que la présence d’insectes et de fleurs symbolisant le caractère éphémère du passage sur terre, font de cette miniature une allégorie de la brièveté de la vie. Le souci de naturalisme qui transparaît dans la représentation exacte des divers éléments et la disposition parfaitement symétrique de ceux-ci se retrouvent dans tous les petits tableaux de Goerg Hoefnagel. Il y dispose des insectes, des petits animaux, des fleurs, des fruits mais aussi des éléments plus directement symboliques, tel le crâne entouré d’ailes de chauve-souris symbolisant la mort. Les éléments de cette miniature se retrouvent dans un livre constitué par son fils Jacob : l’Archetypa Studiaque Patris Georgii Hoefnagelii qui regroupe des planches gravées recensant les divers motifs et les diverses épigrammes représentés dans les œuvres de Georg.

Humaniste et naturaliste

L’empereur Rodolphe II faisait grand cas des œuvres naturalistes et des allégories savantes, du savoir scientifique et de la connaissance du passé de l’histoire naturelle et philosophique. A sa cour, et avant d’y être, Georg Hoefnagel illustre nombre d’ouvrages. Il est à la fois un peintre minutieux, naturaliste précis mais il est aussi d’une grande érudition qui se reflète dans toutes ses œuvres où il fait largement appel aux textes classiques, aux proverbes, à la Bible. Pour Ferdinand de Tyrol, il enlumine le célèbre Missale Romanum (entre 1582 et 1590), pour Rodolphe II, il illustre, entre 1591 et 1594, deux livres de modèles d’écriture composés par le secrétaire impérial Georges Bocskay. Il réalise surtout un grand traité en quatre volumes symbolisant Les Quatre éléments (eau, air, terre, feu) mêlant à la fois la manière d’un traité d’histoire naturelle (représentations d’animaux et de végétaux) et la façon d’un livre d’emblèmes (devises, citations de la Bible). Des quatre volumes aujourd’hui démembrés et dispersés, le Louvre possède quatre folios.

Pour la Kunstkammer de Rodolphe II ?

Hoefnagel peint aussi de nombreuses miniatures sur parchemin dont les quatre petits tableaux formant une Allégorie des saisons. Ces œuvres sont probablement destinées au cabinet de curiosités (Kunstkammer) de l’empereur. Dans cette salle étaient présentées des collections artistiques (les artificialia) mais aussi des collections zoologiques et botaniques (les naturalia), des appareils d’astronomie, des globes…(les scientifica), des collections ethnographiques et des objets extraordinaires (les mirabilia). Deux ensembles sur le thème des quatre saisons sont signalés dans l’inventaire de la Kunstkammer, établi de 1607 à 1611 ; celui du Louvre est peut-être l’un d’eux. Trois autres miniatures, qui faisaient sans doute partie d’un second ensemble aujourd’hui dispersé, ont été retrouvées : un Eté et un Hiver à Vaduz, un Automne à Bruxelles.

Commentaire issu de la Notice du Louvre:
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/dolor-allegorie-de-lhiver