Léthé (Le fleuve d’oubli) Gabrielle de Lassus Saint-Geniès

 

Léthé (le fleuve d’oubli)

Dans le fleuve d’oubli s’endorment les saisons
En pages de jouvence et vieillesse éternelles
Le silence noie les eaux des amours fidèles
On dit qu’elle est vaine la satiété des sons.

On dit que de ce fleuve d’or nul ne revient,
Nul ne se réveille quand il s’y est couché,
Quand les draps empesés du courant sont tombés
Nul ne résiste à son chant de pierre et d’airain.

La sagesse du monde s’y mire sans fin
Sans que son reflet ne retrouve son visage,
On dit que de ce fleuve d’or nul ne revint :
En moi s’est éteinte aujourd’hui ta brève image.

En moi s’est éteinte aujourd’hui ta brève image,
Le silence noie les eaux des amours fidèles,
Dans le fleuve d’oubli s’endorment fous et sages,
Que jeunesse n’éveille ni vieillesse emmêle.

Dans le fleuve d’oubli s’endorment les raisons
Et les âmes déçues lentement s’y écroulent
Quand le silence des amours s’y écoule,
On dit qu’elle est vaine la satiété des sons.

Gabrielle de Lassus Saint-Geniès, Mars 2016

Lecture de Léthé – Le Fleuve d’Oubli par GLSG, le 26 février 2023