Faut-il partir en vacances avec de la poésie ? Laquelle ? (Emission Radio N-Dame)

anna_de_noailles

Merci au très aimable Alexandre Meyer pour l’invitation dans son émission « La Voix est libre » (Radio Notre-Dame) du 1er juillet consacrée à la Poésie. Faut-il partir en vacances avec de la poésie? Laquelle ?

Nous avons pu discuter avec Grégory et Isabelle Solari à la tête des éditions Ad Solem, qui sont remarquables pour la qualité de leurs publications et leur ligne éditoriale. Je pense notamment aux nombreuses traductions françaises de John Henry Newman (Lettres à Pusey, Apologia pro Vita Sua, etc..). Gérard Bocholier est intervenu pour nous parler de sa conception de la poésie et de son recueil des Psaumes de l’espérances (2013) couronné par le Prix François Coppée de l’Académie Française. Alexandre d’Oriano, fameux président du Cercle Anna de Noailles, nous a guidé sur le « lyrisme ruisselant » de la poétesse qui affirmait comme elle seule savait le faire « je suis inutile mais irremplaçable!« . J’ai lu deux poèmes Sur une tache d’encre (fantaisie de jeunesse pour enfants écrite en 2000) et L’Immaculée Conception (réflexion poétique sur la Vierge écrite à Oxford en 2011).

Cette discussion féconde a été l’occasion de parler du Verbe et du Silence, du Coeur et du Lyrisme, de la création poétique et de l’évolution des styles. Après le mélange voire la confusion et la perte de l’idée de styles au XXème siècle, quels sont les enjeux des poètes du XXIème siècle?

Voici le lien de l’émission, rediffusée à 21.02 à la date du 1er juillet 2013.

Je pense pour ma part que le néant ne construit rien. Qu’après le goût pour la destruction il s’agit d’encourager la reconstruction du langage. Qu’après le culte de l’absurde il faut en revenir à une Logique dépendante de la recherche de Vérité et que l’exemple du Dieu fait homme doit nous inciter à chercher la Beauté réelle, tangible et concrète de son visage. Il faut revenir à la Voix du Coeur, celle qui crie dans les déserts de nos âmes, pour y faire sourdre le puits de la Grâce qui ne demande qu’à y jaillir. Il faut revenir à un langage de la contemplation, au geste poétique de l’étonnement, écouter la fantaisie de cette nature créée avec tant de simplicité et de complexité. Que l’inspiration s’ordonne dans les mots comme la sève affleure dans les lys et que les phrases suivent les courbes et les contre-courbes de nos émotions de mêmes que les jardins de nos existences sont ponctués de lignes droites et de détours. Souvenons-nous de la Parole Divine qui ne revient pas à Dieu « sans effet, sans avoir fait ce qu’Elle désire, sans avoir réalisé ce pour quoi elle a été envoyée » (Isaïe, 55.10-11) à l’image de « la pluie et de la neige qui descendent du ciel et n’y reviennent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et fait germer ». De même la parole du poète doit réaliser ce pour quoi il a été envoyé. Le don poétique est un talent qui est appelé à se multiplier, à croître et à se développer afin qu’il révèle pleinement cette parole du Christ: « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance ! » (Jean, 10-10). Si Dieu donne la vie en abondance, alors la poésie ne peut être que corne ruisselante d’abondance car elle devient le témoignage de la vie intérieure donnée en plénitude par la générosité du Père. Alors, tout est grâce et le grain de poussière devient une source d’inspiration autant que l’éloignement gigantesque des pléiades, la plume de l’oiseau-lyre ou le sel d’une larme.

G.L.S.G., le 1er juillet 2013

Pour agrémenter le tout, ma liste succincte de poèmes à lire et relire cet été:
Emaux et Camées de Théophile Gautier pour l’esthétique
– les poèmes de Saint Jean de la Croix pour la spiritualité
Délie de Maurice Scève pour le travail poétique
Le Paradis Perdu de John Milton (traduction de Chateaubriand) pour la force lyrique
– les Élégies de Marienbad de Goethe pour la mélancolie.