« Ça aurait pu être eux, ça aurait pu être nous »

Pierre Paul Prud'hon (1758-1823) La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808, musée du Louvre, huile sur toile,©musée du Louvre

Pierre Paul Prud’hon (1758-1823) La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, 1808, musée du Louvre, huile sur toile ©musée du Louvre

« Ça aurait pu être eux, ça aurait pu être nous ». Quel jeune parisien, quelle jeune parisienne n’a pas prononcé cette phrase  à l’aube du samedi 14 novembre 2015 devant les cadavres de ses compatriotes ? Comme le réveil est lourd, comme la vie est soudain devenue fragile dans notre ville. Sortir dans un bar, fumer en terrasse, retrouver ses amis, aller à un concert le vendredi soir fait partie de l’habitus de l’étudiant, des jeunes professionnels à Paris. Nous aimons nos salles de concert, nous aimons écouter de la musique qu’elle soit rock, folk, pop, jazz, indé ou classique et tout le reste. Nous aimons refaire le monde autour d’une bière, d’un café ou d’un verre de vin, nous aimons danser, rire, bavarder, arpenter Paris à toute heure du jour et de la nuit, nous aimons notre LIBERTÉ d’aller, de venir, de sortir, de vivre tout simplement, avec confiance, quelles que soient nos opinions politiques ou religieuses. 

Et voilà que la barbarie vient nous frapper en voulant imposer la Terreur. Dans une génération qui veut avoir confiance en la vie, on veut nous inculquer à avoir peur. On est venu nous frapper dans notre identité, dans notre liberté, dans notre culture. Oui, les enjeux de ce conflit sont nombreux: politiques, religieux, sociaux, historiques mais aussi culturels. Nous ne souhaitons pas entrer dans ces considérations. Nous entendons seulement que le gouvernement nous dit que nous sommes en guerre. Il y aura donc un ennemi à combattre. De quelle manière se concrétiseront les luttes à venir, nul ne le sait vraiment, mais une chose est sûre: chacun devra choisir son camp.

Pour notre part, nous ferons le choix de défendre la culture, héritage pour lequel nos ancêtres, nos soldats ont donné leurs vies. Nous nous battrons pour cette soeur chérie qui est menacée dès que la vieille et ignoble Barbarie entre en jeu avec ses compagnes Ignorance et Injustice en griffant de leurs ongles les oeuvres d’art, en tuant la liberté d’expression, et en cherchant à faire taire le son des orchestres. Nous voulons aiguiser nos plumes, éclaircir nos voix, sculpter nos idéaux, magnifier la chair,  pour défendre notre culture, ses racines, sa foi, ses valeurs, sa poésie, sa beauté, sa diversité, son drapeau. Nous entrons maintenant en résistance et malheur à celui qui nous empêchera de croire en la culture de vie plutôt qu’en la culture de mort.

©Gabrielle de Lassus Saint-Geniès