Etonnante plante que la Sensitive (Mimosa Pudica) dont les folioles se referment dès qu’on les touche avec une pudeur si bien nommée, à l’origine pour se protéger des prédateurs! Ce phénomène a pour nom la thigmonastie. Elle a donc reçu de nombreux surnoms dont « malice des femmes » ou « honteuse femelle » (!). Une vidéo témoigne de son pouvoir incroyable (http://www.youtube.com/watch?v=BLTcVNyOhUc). Mais il ne faut pas en abuser car cela épuise la plante qui doit déployer beaucoup de force pour s’épanouir à nouveau. Originaire du Brésil, elle est cultivée en Europe mais réclame de la chaleur : il faut donc la chérir chez soi à l’intérieur ou en serre. Avant de les semer il faut imbiber les graines d’eau tiède pendant une journée si possible. J’en ai planté au mois d’avril dernier et les voilà apparaître un mois après (environ 17 plants). J’ai hâte de les voir pousser davantage mais je viens d’apprendre que la Sensitive n’aimait guère être transplantée et qu’il ne fallait pas mettre plus de trois graines par pot…Aïe! Mais les avis divergent : certains disent qu’il faut les repiquer dès qu’elles commencent à se développer (passer d’un pot de 6cm à 15 cm par exemple). Nous verrons bien ! Le propre du jardinage est de faire des essais et la nature se charge du reste, en mère ou en marâtre.
Les fleurs de la Sensitive ont la forme de jolis pompons roses au bout de pétioles verts, doux au toucher, qui apparaissent en juillet-août. Cette plante tropicale aime la compagnie des plantes carnivores, des orchidées mais aussi le soleil et l’humidité. Il faut donc la garder en serre et ne jamais la sortir en hiver car elle meurt si la température descend en-dessous de 10 degrés. C’est aussi une plante nyctinastique, c’est-à-dire qui se distingue par sa capacité à fermer ses feuilles la nuit.
A l’origine, le magnifique poème de Percy Bysshe Shelley The Sensitive Plant m’a attiré l’attention sur le terme de « sensitive » c’est à dire « sensible » pour décrire une jeune femme au jardin en décrivant avec un soin particulier et un lyrisme merveilleux chaque fleur qui s’y trouve. Pour lire le poème entier voici le lien suivant (http://www.poemhunter.com/poem/the-sensitive-plant/). Je note la conclusion du subtil poète aérien qui évoque le pouvoir éternel de la beauté malgré la mort de la jeune fille qui régnait dans le jardin:
CONCLUSION.
Whether the Sensitive Plant, or that
Which within its boughs like a Spirit sat,
Ere its outward form had known decay,
Now felt this change, I cannot say.
Whether that Lady’s gentle mind,
No longer with the form combined
Which scattered love, as stars do light,
Found sadness, where it left delight,
I dare not guess; but in this life
Of error, ignorance, and strife,
Where nothing is, but all things seem,
And we the shadows of the dream,
It is a modest creed, and yet
Pleasant if one considers it,
To own that death itself must be,
Like all the rest, a mockery.
That garden sweet, that lady fair,
And all sweet shapes and odours there,
In truth have never passed away:
‘Tis we, ’tis ours, are changed; not they.
For love, and beauty, and delight,
There is no death nor change: their might
Exceeds our organs, which endure
No light, being themselves obscure.
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5 mois plus tard (22 octobre 2013), voici mes sensitives qui sortent leurs jolis pompons roses. Photo à l’appui :
Le temps automnal d’octobre est encore doux mais il va falloir bientôt les rentrer car elles ont finalement passé l’été sur le rebord de la fenêtre jusqu’à maintenant.
Bref, une belle expérience avec cette plante si sensible qui se ploie et se déploie au moindre souffle !
Bilan après la Toussaint : elle ne dure qu’une saison. Il ne reste plus qu’à planter de nouvelles graines au printemps suivant !