Marquise vous êtes coquette et grave, Un rayon sucré surgi de Versailles, Un biscuit de Sèvres teinté de corail Qu’un roi peintre sur un dessin délave. Vous avez fait grandir mon cœur de faune, Au soleil de votre bonté frivole,…
Il n’y a plus d’eau dans la jarre aux colombes, Il n’y a plus de bonheur dans le puits de notre forêt ! Ô nymphes rendez-nous la fontaine au front frais Devenue plus sourde qu’une obscure tombe ! Rendez-nous la…
Je n’ai pas pu, non je n’ai pas pu revenir À rebours de nous deux, Ni rendre au fleuve d’Amour tous les souvenirs Jetés aux flots houleux, Je n’ai pu payer la dette du repentir Jaillie des confluents, Ni remettre…
Il pleut Dans ma coupe de Champagne De cruelles gouttes de pluie Pétales d’or où luit Une ruisselante campagne Où le jus vermeil des grappes Murmure l’élégie nocturne Du raisin sacrifié Ce soir De mon Verre Sera morte La beauté…
Le bien-aimé m’offrit le fruit de son amour,La grenade aux parois de cinabre et rubis,Pomme de Perséphone aux généreux contoursTes grains éclatés consommèrent nos deux vies ! Nous avons partagé le repas des aveuxEn mangeant le sucre mystique de…
Comme un chant perdu dans une tour solitaire J’ai laissé mon cœur amer fuir à la dérive Ayant tranché le nœud d’amarrage à la terre Qui le retenait étouffé dans le survivre. J’ai laissé cœur s’enfuir au lit d’amertume bleue…
Mes poèmes te rediront Dans le sommeil futur des âges Et les passants réveilleront La tombe jumelle des présages. Le doux chant de nos lèvres dormantes Se souviendra des requiems, Nos mains de roc iront s’entrelaçant Au lierre pour seul…
De t’aimer n’a pu mon cœur se lasser Comme l’âme après l’idéal soupire, Comme l’ardeur avec la flamme expire N’ayant vécu que pour se consumer. De ta beauté je n’ai su m’ennuyer, Levant mes yeux liges vers ton sourire, Et…
Ni moi sans luiNi lui sans moiNi vie sans toiNi mort sans vie Ni toi sans moiNi moi sans vieNi mort sans toiNi moi sans lui Ni vie sans moiNi mort sans luiNi moi sans toiNi toi sans vie…
Jamais, jamais Lizzie ne fut insouciante Comme les jeunes filles que rien ne contrit, Elle stagne première et dernière amante Morbide au royaume des peintres interdits. Son cou fatigué s’étiole à la manière Des nénuphars alourdis sous le poids de…
La torpeur d’une flamme assourdit le vitrail : C’est en silence que toute âme renonce. Quelle blessure ne guérit sous ton poitrail Dis moi, quelle brûlure enserre ses ronces ? Tu me dis que son portrait ne te console Quand…
L’hiver a mouché les chandelles d’allégresse : Madeleine veillait et pleurait de bien lourds pleurs, Testament limpide à la mèche des détresses, Parchemin sourd cacheté à la cire du cœur. Déjà l’aurore sale accouchait d’un si maigre Soleil ! Les…
Je meurs au buisson des armoises torrides Que les jardins de Naxos laissèrent mûrir, L’unique m’a laissée languir au bal vide Dans le fracas des regrets et du dépérir. Ô labyrinthe ! Depuis son départ l’attente me dévore, Lentement vient…
Toujours liée à lui Point ne puis délier Sans dénouer ma vie Sans tristesse plier D’un fort nœud plus puissant Qu’invincibilité Plus vif que chair et sang À lui reste liée Si dénouais nos vœux Détruirais destinée Et nulle action…
Les anciens saphirs ne savaient plus agrafer La lumière poreuse d’Adriatique Ni les spinelles retenir l’âme éraflée Des transparences du sein allégorique. Or sa chair d’homme l’engendra première, Sa peau s’ennuagea d’un vœu de mythologie Quand Pygmalion rompit la bouche…
Lune auréolée de nuitNuit auréolée de luneL’une en l’autre luitLui en elle alune Elle en lui aluneÔ nuit auréolée de pluieÔ nuit ployant les dunesDunes de minuit Minuit sous la pluieRuisseau de lunesÉblouissant elle et luiElle et lui sur…
Comment saviez-vous Giorgione vous souvenir Des textures vertes des forêts statiques ? À quelle heure avez-vous puisé le sourire Ourlé des brumes de l’Adriatique ? Vous disiez l’énigme formelle aux savants Qui chétifs, louchaient devant vos sphinges toiles, Vous songiez…
Gaufres et thés à la vanille Tes yeux bruns-jaloux me torpillent, Je bois l’amer de ton parfum Mon gentleman proche et lointain. Cigarette en feu de biscuit Trempée dans les Îles Bourbon, Des vahinés aux corps d’or cuit Fument le…
Sept oiseaux ont passé à travers la soie des nuages En cousant de sept coups d’ailes, en un clin d’œil, L’immense tapisserie qui toujours volage Refuse de garder un seul motif sur son seuil. Il y a trop de vent…
Amer et doux le thé vert dans ma tasse d’or Où s’endorment les désirs subtils d’un voyage, Ô Macassar, Zanzibar, Baalbek, Angkor, Vos temples invoqués brûlent mes yeux sauvages ! Le brouillard des pampilles ceignant les lampions Fait là des…
Les premières feuilles mortes sont nées Sous les yeux des poètes éphémères Les premières feuilles mortes sont nées Dans une rivière de lumière L’horizon d’ombre a ployé les erreurs Qui teintaient de gris l’automne d’agate L’horizon d’ombre a ployé…
J’ai vu plus d’années que n’en vivent aïeules, Tourné dans ma tête les rouets du destin Plus que les Parques aux prophéties aveugles Mesurant au hasard les lignes de nos mains. Borée, qui dans ma chambre rouge voltige, Endort mon…
Paris vendange nos cœurs Avenue Mozart, Nous avons cédé nos lèvres à son calice Paris cueille en grappes nos corps, il se fait tard, Fasse que jamais nos baisers ne se finissent ! Prends le raisin dans la corbeille…
Automne rougeoie ton jupon de taffetas, Danseuse grave, folle que je regarde Tournoyant dans le feu auburn qui te farde Comme si je flirtais avec un apatura. Tes cheveux bruns sous l’or d’un cosmos pictural Deviennent blonds, fauves, safrans, même…
Mes cheveux en mèches de ruisselantes gemmesEmbaument l’ambre chaud que l’on cueille à MinuitDans les ocres chefs d’œuvre à la BotticelliQue mon âme plus que toute autre peinture aime. Diadèmes de pivoines m’inclinent la têteQui réfléchit la pensée mêlée de…
Vivre sans vous me fane doucement Parce que votre absence en moi rallume Les longs soleils brûlés d’isolement Qui dans leurs cieux vengeurs me consument. Nuque penchée dans l’ombre séculaire Je chante pour vous sur ma viole, yeux clos, Me…
Tes mains contiennent le soleil vif de puissance,Tes mains ne retiennent que l’immortalité, Tes mains taisent l’ombre fausse de l’existenceEt révèlent toujours des gestes de clarté. Ceins-moi de tes doigts purs pour m’endormir plus claire,Dans tes mains éblouies fais-moi…