Botticelli – Gabrielle de Lassus Saint-Geniès – Poésie

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Les courbes tragiques de tes nymphes blondes
Marquent à jamais les vœux sépia de l’Italie,
Sur les bords de l’Arno chavirèrent les rondes
Que traçaient tes nerveux doigts de mélancolie.

Des noces de Florence et de ses fêtes burlesques
Tu n’as retenu que la leçon fragile
De la déchéance qui lézarde tes fresques
En une multitude de visages immobiles.

Adieu, adieu Sandro le magnifique !
Les poignards de la cour ont rayé tes esquisses
Au rythme des pinceaux colorés d’arsenic,
Du rouge sang de dragon et du bleu Médicis.

Tes grenades mûres sont prêtes à mourir
Mordues par des lèvres que jamais nulle bouche
N’embrassa ! Tu les créas pour nourrir
Les contemplations fracturées de tes touches.

Les danseuses sont-elles encore innocentes
Et que pleurent les lyres si leurs cordes vibrent ?
La Beauté morte n’est que déséquilibre
Et qu’importe le son des harpes quand l’Hadès chante ?

©Gabrielle de Lassus Saint-Geniès